L’église Notre-Dame a été classée monument historique en février 1843.

Située sur le flanc du plateau sur lequel était érigé le château-fort, l’église fut tout d’abord appelée chapelle Fouquet.
Celle-ci était de dimension bien inférieure à l’église actuelle. Des bas-côtés étaient reliés à la nef par d’énormes piliers carrés dont plusieurs (bas-côté gauche) existent encore.
En 1562, Catherine de Médicis est duchesse douairière de la forêt de Retz. Consciente de l’importance de l’Ourcq pour alimenter Paris en bois, céréales, eau et pierres, elle relance les travaux de canalisation de la rivière. Ce faisant, les marais s’assèchent peu à peu, permettant à la population de s’installer sur l’axe actuel de la rue de la Chaussée.
La population se déplace donc peu à peu, quittant le faubourg Saint-Waast, et les habitants, plus nombreux, trouvent à présent la chapelle Fouquet trop petite et en demandent alors un agrandissement. Catherine de Médicis fait donc adapter un chevet semi-circulaire, percé de cinq larges fenêtres.

En raison de la falaise d’un côté et de la déclivité importante du terrain de l’autre, l’allongement de l’église ne pouvait se faire qu’en créant une énorme base dans laquelle fut aménagée une chapelle, directement située sous le nouveau chœur.
Vu du dehors, le chevet se trouve délimité  en sa hauteur par trois bandeaux horizontaux moulurés. Le bandeau supérieur est orné de fleurons. On peut y lire la date 1563, visible de la montée abrupte aux pavés moyenâgeux de la rue des Rats. Les grandes baies du sanctuaire sont cloisonnées par des meneaux, en quatre baies jumelles.




Le portail :

Avec ses colonnettes surmontées de chapiteaux à crochets supportant génies, feuilles et animaux, il est de la deuxième moitié du XIIème siècle. Au-dessus de l’ogive romane, on trouve une statue de bois, «la Vierge à l’enfant», datée du XVIIIème siècle et un grand oculus dans l’ogive.


Notre Dame

La tour :

Située à la droite du portail, haute de 26 mètres, elle est de style flamboyant, avec, sur chacune de ses quatre faces, deux larges baies à plein cintre, très élevées et séparées par un unique meneau orné de symboles de choux frisés.
Des abats-son, au nombre de quarante, renvoyaient la sonnerie des cloches sur la ville entière et ses environs.
La corniche est surmontée de balustrades découpées en X, reliant quatre élégantes tourelles ornées de clochetons pointus, d’un style Renaissance (1563).
Un clocher central en poinçon domine la tour dont les angles tiennent suspendus de jolis ornements sculptés. Quatre niches, couronnées d’un dais fleuronné, sont vides des quatre évangélistes brisés pendant les tourments de la Révolution.

clocher Notre Dame
extension Marie Médicis Notre dame


Vitrail Jeanne d'Arc

Les vitraux :

Dans l’église proprement dite, une suite de verrières remarquables, classées au rang des monuments historiques en 1862, sont autant de sources lumineuses offertes à nos yeux dans la douce lumière de Notre-Dame.

Le vitrail des évêques (bas-côté nord)
Il représente deux évêques debout, revêtus des habits sacerdotaux, avec crosse et mitre : saint Denis portant sa tête dans ses mains et saint Waast, patron de la ville. La forme triangulaire de la mitre, la chasuble relevée, les petites croix qui cernent le manipule, marquent bien l’époque de la fin du XIIIème siècle. Au centre du trèfle au sommet de ce vitrail, un tout petit fragment représente les deux tours qui sont les vraies armoiries de La Ferté-Milon.

Le vitrail de saint Hubert (bas-côté nord)
Le meneau prismatique qui divise la fenêtre de style flamboyant est surmonté d’une rose où est représenté le Père Éternel. Assis sur un trône, coiffé de la tiare, il tient d’une main le globe terrestre surmonté de la Croix et, de l’autre, il bénit. Ces particularités permettent de le dater du XVème siècle.
Le sujet principal est emprunté à la légende de saint Hubert : le seigneur Hubert est à demi-agenouillé devant le cerf dont les andouillers encadrent une croix lumineuse. À ses pieds est couché un chien solidement garrotté, présentant les symptômes de la rage. Un autre limier se tient, calme et attentif, près du cerf. Un peu en arrière arrive un piqueur tenant un olifant et un épieu. Sortant des nuages, un ange apporte, à deux mains, au chasseur converti une étole dont il est dit que le contact guérira de la rage.

Les vitraux du chœur :
Les cinq grandes verrières du sanctuaire furent très abîmées lors de la deuxième bataille de la Marne en juin-juillet 1918 et restaurées en 1929. Le vitrail du serpent d’airain au-dessus du maître-autel, célèbre par sa richesse mais pulvérisé par une bombe, a été remplacé par deux vitraux : sainte Jeanne d’Arc et saint Waast, dont le visage, dit-on, perpétue fidèlement celui du chanoine Devigne.
De part et d’autre, des monogrammes, blasons et symboles héraldiques représentent soit des sujets religieux, soit les initiales entrelacées d’Henri II et de Catherine de Médicis.
Dans les médaillons de la partie supérieure, on reconnaît de gauche à droite :
- un anachorète, peut-être saint Vulgis,
- une sainte avec les palmes du martyre,
- Marie portant l’Enfant Jésus,
- saint Nicolas et ses trois protégés ;
Au centre sur fond violet :
- le Christ sur la Croix, avec à sa droite la Vierge en pleurs et à sa gauche saint Jean l’Évangéliste,
- le sacrifice d’Abraham, tenant un glaive, accompagné d’Isaac, son fils, portant lui-même le bois destiné au sacrifice.
Au milieu :
- Yahvé arrête le bras d’Abraham, armé du glaive et levé sur Isaac. À droite, le père obéissant et le fils épargné, tous deux à genoux, rendant grâce à Dieu qui a seulement voulu les éprouver.


Dans la sacristie :
Deux petites fenêtres ont pour sujet : la lapidation de saint Étienne, avec une date inscrite sur un petit carreau à gauche (1565) et, au-dessus du meuble, deux écus circulaires dont l’un représente un agneau portant la Croix, également daté de 1565. Ces deux pièces sont un échantillon de ce que l’on appelait autrefois des chefs-d’œuvre, c’est-à-dire le travail de choix après lequel l’ouvrier passait «maître».


Vitrail de la Passion et des donateurs (chapelle de la Vierge, à droite du chœur)
Au-dessus de l’autel se trouve l'un des joyaux de Notre-Dame ; œuvre de Mathieu Bléville, il est daté de 1528. En haut de l’ogive, le Père Éternel ; sous le cintre, deux anges portant l’un la colonne de la flagellation, l’autre la Croix.
Dans les interfaces, Notre-Dame de Pitié et saint Jérôme au désert.
Dans les trois baies, trois grandes compositions :
le Portement de Croix,
Jésus en Croix entre les deux larrons,
la Résurrection : le Sauveur s’élève, portant la Croix triomphale.
Au-dessous et sous de petits portiques Renaissance, deux personnages sont agenouillés sur des prie-Dieu, mains jointes, avec un livre ouvert devant eux.
À gauche, un chevalier vêtu d’une cotte d’arme, l’épée au côté, ses éperons aux pieds, son casque posé à terre, est assisté d’un vieillard nimbé, que ses attributs (large chapeau, bourdon à la main) désignent comme saint Jacques le Majeur, patron du capitaine. Devant celui-ci se trouve un écusson portant les armes de France  «brisés de deux bâtons de gueule, croisés en sautoir». Ce sont celles des Vendôme.

Sur le panneau voisin, une dame en grand costume de princesse, couverte de riches fourrures à larges manches, parée de joyaux et de pierreries. Derrière elle, se tient saint Jean le Baptiste. Sur son écusson figurent deux demi-blasons, celui de son mari, Vendôme, et le sien propre, Rubempré.

Sur le panneau de droite, on peut dénombrer quatorze jeunes hommes et femmes, un lévrier couché, etc. L’inscription qui se trouve au bas de la verrière révèle l’identité de cette famille :
« Jehanne de Rubempré, dame de Bonneval,
« Veufve de messire Jacques de Longueval,
« Bastard de Vendôme, en son vivant chabrelain
« roy, gouverneur de Valois, capitaine d’Arques,
« Bailly de Vermandois, donna cette verrière en
« l’an mil cinq cens et XXVIII ».

D’où il apparaît que cette verrière a été donnée par Jehanne de Rubempré en souvenir de son époux, Jacques de Vendômes, décédé en octobre 1524 et inhumé à Longpont.
Quant aux quatorze jeunes gens représentés ici, l’histoire n’ayant conservé que les noms de quatre garçons et trois filles, on peut supposer qu’ils sont tous mariés et que la donatrice a tenu à faire figurer ses beaux-enfants sur son ex-voto.
Par l’expression des figures, la richesse des décors, le velouté des draperies, la somptuosité des costumes et des armures, la transparence des ciels et enfin la variété des ornements, ce vitrail est bien marqué du sceau artistique de la Renaissance.

Vitrail des Litanies
Malheureusement incomplet, il montre la Mère du Sauveur, entourée de nombreux phylactères qui précisent l’invocation en latin à laquelle se juxtapose l’objet de celle-ci. Ainsi une tour, une porte fortifiée, une étoile, une ville et ses remparts pour :  «tour d’ivoire», «porte du ciel», «étoile du matin», «cité de Dieu»,…
Au-dessus de cet éloge mystique de Marie, on peut admirer deux gracieuses figurations des personnages de l’Annonciation, dominées par le Père éternel avec sa tiare, vêtu d’une chape, soutenant dans sa main la sphère, symbole du monde qu’il bénit. On le date du XVIème siècle.
Au-dessous de ce vitrail, dans une niche (ancien lavabo), on peut voir une ravissante Visitation en bois polychrome du XVIème siècle (vitrail classé en 1958): sainte Elisabeth accueillant la Vierge Marie.
(Ces descriptions nous viennent du chanoine Félix Devigne, curé de La Ferté-Milon de 1902 à 1938.)

Les tableaux :
Dans la chapelle de la Sainte Vierge, entre les deux verrières, une œuvre d’Ary Scheffeer (1795-1858) représente l’ange consolateur du Christ, accablé de douleurs, dans le jardin de Gethsemani (don de la famille Waddington, de Bourneville, en 1920).
Dans la nef se trouve «L’adoration des bergers» de la fin du XVIIème siècle (auteur anonyme de l’École française, cadre en chêne sculpté d’époque Louis XVI) .
Au fond du collatéral sud, la visite de sainte Elisabeth à la Sainte Famille (auteur anonyme de la fin du XVIIIème siècle). On y reconnaît saint Joseph en manteau rouge et Zacharie, l’époux d’Elisabeth, en manteau bleu-cendré. Ces deux derniers tableaux ont été restaurés et mis en place en 1995, par les soins de la Conservation des Antiquités et des Objets d’art du département de l’Aisne.

Le mobilier (classé en 1912) :
Le buffet de l’orgue, restauré en 1989, est en bois sculpté du XVIIIème siècle et provient de l’abbaye de Coincy.
Dans le chœur, une console en bois sculpté doré, avec plateau de marbre, est de la fin du XVIIIème siècle.
Dans la chapelle de la Sainte Vierge, l’aigle lutrin, en chêne sculpté, est également de la fin du XVIIIème. Au-dessus de lui, on peut voir une statue de saint Bruno, fondateur de l’ordre des Chartreux.
La chapelle des fonds baptismaux est dédiée à saint Waast, dont la statue en pied orne l’autel.


Avant de quitter cette église, il vous est rappelé que :
- Le 22 décembre 1639 y fut (probablement) baptisé le grand dramaturge Jean Racine, natif de La Ferté-Milon, par le Sieur Nicolas Colletet, curé de Notre-Dame de 1626 à 1644. Le registre paroissial, portant de la main même du curé mention de ce baptême, peut être vu au musée Racine (1, rue des Bouchers, entrée gratuite).
Nous disons «probablement» car, sur le registre paroissial, il n’est nullement établi le nom de l’église même. Il se pourrait que le baptême ait eu lieu à l’église Saint-Waast, qui était encore utilisée à cette époque. Il semble peu probable que l’on ait fait traverser le bourg en plein hiver à un nourrisson. Néanmoins, la tradition situe ce baptême très souvent là-bas et nul écrit ne permet de démentir ou de confirmer cette possibilité.

- En novembre 1647 y eut lieu le mariage du fabuliste Jean de La Fontaine, né à Château-Thierry, avec Marie Héricart, originaire de La Ferté-Milon.

- Le cimetière qui entourait l’église, appelé le « cimetière des innocents », bénit le 8 mai 1661 par Charles III de Bourbon, évêque de Soissons, n'a plus été utilisé à partir du 1er janvier 1812.

- La petite place située en contrebas de l’église Notre-Dame, à l’entrée de la rue Racine, s’ornait autrefois d’une croix de pierre, supportant un pupitre où l’évangile était chanté le jour des Rameaux. Sur l’emplacement de cette croix a été érigée et inaugurée en 1910 une statue en bronze de Racine enfant. Les Allemands l'ayant retirée durant la Seconde Guerre mondiale, une copie fut installée en septembre 1991.